Octobre Rose en Haïti : le cancer du sein, une urgence nationale oubliée

Le cancer du sein est aujourd’hui la première cause de cancer chez les femmes haïtiennes. Selon les données de l’OMS/IARC (CanScreen5), son incidence est estimé à 25,2 cas pour 100 000 femmes. Derrière ce chiffre se cachent des milliers de vies bouleversées. 



Une offre de soins quasi inexistante :
Le pays compte à peine quelques hôpitaux offrant la chimiothérapie (Hôpital Universitaire de Mirebalais, Hôpital St. Damien, quelques cliniques privées). (Dans cette énumération je garde la foi car vous savez tous que l’hôpital de Mirebalais est en grande difficulté de fonctionnement - sinon fermé-au moment où l’on parle). La radiothérapie, pourtant indispensable dans beaucoup de protocoles, est quasi inexistante sur le territoire.

Des coûts inabordables :
• Une mastectomie peut coûter environ 550 USD.
• Une chimiothérapie complète ≈ 450 à 1 000 USD.
• Une radiothérapie, quand elle doit se faire à l’étranger, ≈ 10 000 USD.

Ces montants dépassent largement les revenus de la majorité des familles haïtiennes. Pour rappel, le revenu annuel moyen par habitant est inférieur à 1 500 USD.

Des conséquences sociales et économiques dramatiques :
• Beaucoup de femmes doivent abandonner leur travail.
• Les frais médicaux conduisent à l’endettement ou à l’appauvrissement.
• Les inégalités de genre font que les femmes, déjà moins bien rémunérées, subissent une double pénalité.

Une priorité oubliée dans le budget national :
Le budget 2024–2025 de l’État haïtien s’élève à 323,45 milliards de gourdes.
Le Ministère de la Santé Publique (MSPP) ne reçoit que 20,790 millions de gourdes (6,4 % du budget).
Aucun investissement majeur pour un plan national de lutte contre le cancer n’a été annoncé. Les femmes malades de cancer du sein sont donc laissées à elles-mêmes, alors que le ratio mortalité/incidence dépasse 60 % en Haïti.

Cela veut dire : pour 10 femmes diagnostiquées, plus de 6 en meurent — un drame évitable.

Nous devons agir :
• Exiger des campagnes nationales de dépistage et de sensibilisation.
• Réclamer un budget dédié pour la prise en charge du cancer (diagnostic, chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie).
• Organiser des actions citoyennes pour rappeler que la santé est un droit fondamental.

Un sein touché, c’est une famille fragilisée.
Un budget oublié, c’est une nation fragilisée.
Levons-nous pour nos mères, nos sœurs, nos filles.


Dr. Lyne Vanessa ALEXANDRE

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